Au-delà du simple lettrage ou support de loisir créatif pour enfant, le pochoir permet surtout de créer des œuvres de style street art. Quand j'ai commencé à explorer la technique de peinture pochoir, j'étais tout de suite séduite par le rendu graphique, net et percutant qu'elle permet d'obtenir. Il existe divers sites qui permettent de se procurer des pochoirs tout faits, souvent accompagnés d'exemple d'œuvres réalisées avec, mais très vite, une question s'est imposée à moi : que dire de la propriété de l'œuvre si j'utilise un pochoir créé par quelqu'un d'autre ? Même en y ajoutant ma patte, mes couleurs, mes compositions… finalement, la base reste celle d'un autre. Et si demain, ma toile était exposée à côté d'une autre utilisant le même pochoir ?
Ce constat m'a fait comprendre que pour qu'un pochoir soit pleinement artistique, il devait être le fruit d'une démarche personnelle. Créer son propre pochoir, c'est revendiquer la singularité de son trait, de son regard et de son geste. C'est cette volonté de création intégrale qui m'anime dans ma pratique.
Le pochoir est loin d'être une invention moderne. Il était déjà utilisé dans l'Antiquité, notamment en Chine, en Égypte et au Japon. On s'en servait pour décorer les murs, les sols, les céramiques, les tissus, ou encore les manuscrits. Les pigments étaient appliqués avec des pinceaux ou au moyen de techniques de pulvérisation rudimentaires, souvent à base de terres colorées ou de charbon.
Un exemple emblématique reste les empreintes de mains négatives préhistoriques, réalisées en projetant des pigments autour d'une main posée sur la roche. C'est l'essence même du pochoir.
Aujourd'hui, on parle de pochoir "traditionnel" pour désigner une forme d'art où un motif est découpé à la main, le plus souvent au cutter, dans un support rigide comme du papier cartonné ou du plastique fin. On pense à des motifs simples : lettres, formes géométriques, icônes stylisées…
Anciennement réalisée à la main à l'aide d'un cuter, je ne m'étalerais pas sur cette technique, encore utilisée par d'autres artistes qui en parleront surement mieux que moi. Pour ma part, je fais donc partis des nombreux artistes qui créent maintenant leurs pochoirs en version numérique. Les logiciels de graphisme permettent de créer des motifs bien plus complexes, adaptés à toutes les échelles, facilement redimensionnable et même pour des artistes n'ayant pas suivi de cour de dessin. En effet, il est aujourd'hui possible de créer un pochoir à partir de n'importe quelle image, que ce soit un croquis que vous avez réalisé, mais aussi pourquoi pas une photo.
Le saviez-vous ? Même derrière une toile à l'apparence classique peut se cacher l'utilisation de technologie telle que de la photo projetée. On trouve d'ailleurs des appareils dédiés dans tous les magasins d'art. Plutôt que d'en faire un ennemi, petit à petit l'artiste à fait de la technologie un réel compagnon de travail.
L’IA permet de générer rapidement des images à partir de simples descriptions textuelles. C’est un formidable levier pour explorer des idées, mais il est important de rappeler que certaines pratiques restent sensibles. Par respect pour les droits d’auteur, il faut mieux éviter de demander à l’IA de reproduire le style ou les traits d’un autre artiste, rappelez-vous que demain, cet artiste copié, ce sera peut-être vous.
Personnellement, je préfère utiliser l'IA pour obtenir des images sources à travailler, comme je le ferais avec une photo de mon chat Simba ou d'un Logo. L'essentiel reste ensuite de poser mon regard, décider de la simplification, de l'interprétation graphique… En somme, de recréer avec ma propre main un pochoir qui ne soit pas juste une copie.
Petite astuce : soignez votre prompt. Plus il est précis, plus le résultat collera à votre idée de départ., quant à l'outil à utiliser, de nombreuses solutions existent parmi lesquelles Midjourney, DALL-E, DeepArt.
Une fois l'image de base trouvée, il est temps de passer à la création du pochoir via un logiciel de traitement d'image avancé. Les logiciels sont de plus en plus performants, mais leur maîtrise demande un peu de temps. Les solutions sont multiples et dépendent de vos affinités, de la suite Adobe (Photoshop, Illustrator) aux solutions libres telles qu'Inkscape et Gimp, libre à vous de choisir l'outil qui vous convient le mieux. Pour ma part, j'utilise Photoshop par affinité avec l'outil.
Pour ce qui est du traitement de l'image en lui-même, j'utilise principalement :
- L'outil plume pour dessiner les contours
- Les calques et masques pour isoler les zones
- Des filtres pour simplifier l'image, supprimer les détails jugés insignifiants et extraire les expressions
Chaque artiste a ses secrets de création, et c’est aussi ce qui rend chaque œuvre unique. Ici, je partage une partie de mon processus, mais je vous laisse explorer l'outil pour définir vos méthodes précises, vous pourrez aussi trouver des tutoriels vidéos détaillant diverses méthodes. Pensez quand même que transformer une photo en pochoir n'est pas qu'une question de noir et blanc. Il faut aussi penser à la structure du pochoir : chaque zone doit être reliée aux autres, sinon à la découpe, tout s'effondre. Créer un bon pochoir, c’est aussi une question d’équilibre et de lisibilité.
Pour découper le pochoir, le support recommandé est généralement la feuille d'acétate ou de Mylar, parfaites pour leur rigidité et leur transparence. Elles sont vendues dans différentes épaisseurs, bien entendu, plus le support est épais, moins il sera sensible aux plis et plus facilement, il se plaquera sur votre support. Mais plus la feuille est épaisse et plus elle coutera cher et sera aussi difficile à découpe (un support 250 microns peut demander entre 5 et 10 passages pour que la découpe soit effective), il faut donc trouver le juste milieux et la tout dépend aussi de votre usage (pochoir à usage unique ou pas, vertical ou horizontal, etc.). Le coût pour un pochoir format A4 ou A3 reste très raisonnable, autour de quelques euros la feuille, mais pensez que vous devrez tout de même parfois faire plusieurs essais avant de réussir votre pochoir.
C'est d'ailleurs pour ça que pour débuter, j’ai testé une astuce économique : les pochettes de plastification. Moins de 1 € la feuille bien ! Bien sûr, ça gondole un peu, et on est limité sur la taille, mais c'est une excellente base pour apprendre et ça permet de faire plusieurs essais avant de passer à la découpe finale sur Mylar.
Pour ma part, j'utilise la game Cricut qui a l'avantage d'être très facile d'utilisation et décliner en divers modèles : la Cricut JOY Xtra que l'on peut emporter partout pour travailler en vacances sur un format A4, ou la Cricut Venture pour les projets grand format (jusqu'à 61 cm x 71 cm). Ces machines de découpe numériques permettent un niveau de précision bluffant. Mais attention, si vous visez de grandes dimensions, les modèles grande taille telles que la Venture peuvent grimper à 1000 €. Il s'agit d'un investissement important. Si vous hésitez encore, sachez que certains magasins Cultura vous propose des locations ponctuelles de machines Cricut, ce peut être la solution idéale pour tester la découpe de votre premier projet avant de vous décider. Malheureusement, ces locations ne sont pas possibles sur les modèles Venture.
Une fois le pochoir à peindre prêt, reste à l’utiliser. Aérosol, aérographe, acrylique, encre, diverses peintures peuvent être utilisées avec votre pochoir selon le support et l'effet recherché. D'ailleurs, bien que je me concentre personnellement sur une application sur toile et objet, les pochoirs ainsi créés pourraient tout à fait servir en décoration sur un mur, un meuble en bois ou tout autre support. Attention par contre à privilégier un pochoir adhésif repositionnable si vous souhaitez l'appliquer au mur.
De mon côté, ma peinture de prédilection avec le pochoir est la bombe aérosol qui donne un effet street art aux créations.
Astuce : pour éviter les bavures, pensez à lester votre pochoir ou à utiliser une colle repositionnable. Cela assure un bon contact avec la surface et un rendu plus net, a moins que les bavures fassent partie de l'effet street art recherché.
En conclusion
Le pochoir moderne est bien plus qu'un outil, c'est un véritable langage visuel. Entre techniques ancestrales et innovations numériques, il offre une liberté de création infinie, pourvu qu'on y mette de soi. Et c'est bien là tout l'enjeu : que chaque pochoir raconte un regard, une main, une histoire.
Vous aimeriez que je réalise un pochoir pour vous ? Contactez-moi pour m'en dire plus sur votre projet.